À la manière des Notes de Chevet de Sei Shônagon (XIème siècle).
Choses élégantes : Une femme au menton souverain. Boire de l'eau dans un verre à pied. Les nappes blanches des restaurants. Une veste croisée bien ajustée.
Choses désolantes : Une vieille dame qui fait la manche à Paris et qui ne semble pas être à sa place. Un animal abandonné. La malveillance des hommes. Une femme qui pleure et qui vacille.
Choses qui font battre le coeur : Découvrir chaque matin l'océan, les doux rouleaux des vagues dans la lumière chatoyante de l'aube. Le regard d'une muse. Aimer les autres ; se sentir aimée. Prendre conscience de l'instant présent, sa beauté, sa fragilité, son sourire d'éternité.
Inspirés des trois listes de choses : trois univers, trois paragraphes, trois personnages. Puis... tout mêler, tout démêler !
C’est en débarrassant la maison de
sa mère, que Marie, découvre au fond d’un tiroir une enveloppe en papier gris.
Curieuse, elle l’ouvre et découvre une centaine de feuillet sur lesquels elle
reconnaît l’écriture de sa mère. De plus en plus intriguée, elle s’assoie sur
le canapé de velours usé et commence sa lecture.
Sa
mère, Jeanne, a 13 ans. Elle vit en Bretagne, dans une grande maison de
granite, en bordure de mer. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est de découvrir chaque matin les doux rouleaux
des vagues dans la lumière chatoyante de l’aube. Elle peut rester là, à la
fenêtre, pendant des heures. Elle prend
alors conscience de l’instant présent, de sa beauté, sa fragilité et en même
temps de son sourire d’éternité. Jeanne est une adolescente qui aime les autres, qui va vers eux
spontanément, elle aime se sentir aimée,
aussi elle n’hésite pas à écrire dans son journal, ses impressions, ses
souhaits, ses désirs, sentant sur elle le
regard de sa muse.
La
famille de Jeanne est aisée. Ses parents reçoivent beaucoup. Elle n’est pas toujours
conviée aux repas, et s’est cachée dans l’escalier recouvert d’un épais tapis
rouge, qu’elle espionne les convives. Elle admire en secret sa mère, Simone,
c’est une femme au menton souverain.
Elle est toujours très élégante dans ses robes de soie moirée. Près d’elle, son
père, Adrien, sanglé dans une veste
croisée bien ajustée. Les nappes
blanches resplendissent, comme au restaurant. La porcelaine, l’argenterie
et le cristal lancent mille feux. Pour Jeanne, le summum de l’élégance est de boire de l’eau dans un verre à pied.
Aussi, va-t-elle régulièrement à la cuisine demander à Clotilde, la gouvernante,
un verre d’eau. Elle mime alors les gestes des convives, reposant délicatement
leur verre sur la nappe immaculée.
Marie
continue sa lecture. Elle ne voit pas le temps passer. Le soleil descend
lentement à l’horizon et teinte le ciel de marbrures rose lavande. Elle
découvre qu’au décès de ses parents, Jeanne a congédié Clotilde, ne pouvant
assumer le faste de sa jeunesse.
Le
départ de Clotilde l’intrigue. Rien dans le manuscrit n’indique ce qu’il s’est
passé. Il faudra qu’elle demande à sa mère ce qu’il en est. Le week-end se termine.
Elle doit rentrer à Paris et reprendre le cours de sa vie. Elle a emporté avec
elle les feuillets, bien décidée à en parler à sa mère.
Un
soir, en empruntant les couloirs du métro, elle voit, venant vers elle, une femme qui pleure et qui vacille avant
de s’asseoir par terre. La vielle dame fait la manche. Quelque chose dans son
maintien, fait dire à Marie, qu’elle ne
semble pas être à sa place. Elle se met à l’écart et observe. Les gens
passent près de la vieille femme sans la voir. On croirait presque un animal abandonné, là, seul, laissant
complètement indifférents ces hommes
malveillants. Marie s’approche, se met à la hauteur de la femme et lui
parle doucement. Après un long moment, les deux femmes se dirigent vers la
sortie. Installées sur un banc, elles partagent un paquet de biscuits tout en
bavardant.
Il
est l’heure de se séparer. Marie qui veut revoir la femme, lui indique son nom
et son adresse sur un bout de papier. Elle lui fixe également rendez-vous, pour
le lendemain, a la station qui les a réunies. Au moment de partir, Marie lui
demande son prénom, « Clotilde » répond la femme. Ce prénom fait écho
dans la mémoire de Marie mais elle n’en laisse rien paraître. Elle va mener son
enquête.
Les deux
femmes vont se revoir très régulièrement. Marie a trouvé une place dans un
foyer pour Clotilde. Celle-ci reprend peu à peu non seulement des forces, mais
aussi de l’assurance. Au fil du temps, Clotilde et Marie vont s’apprendre, se
découvrir, se raconter, et c’est ainsi
qu’elle vont se découvrir un point commun : « Jeanne ». Ensemble
elle vont aller à la maison de retraite lui rendre visite.
Michèle
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