Je fais un cauchemar.
Autour de moi, des corps brûlants luisant de sueur s’agitent, leurs bras tendus
rythment une danse effrénée et lugubre, les bouches ouvertes psalmodient des
sons muets.
Envoûtement ? Rituel
macabre ?
Des larmes de tristesse coulent
sur mes joues. Ils savent ma peur du noir, de l’isolement. Je cours en tous
sens et me heurte contre cette muraille humaine.
Où suis-je ? Rien ne se
finira donc jamais ?
Peur du vide, de l’absence, peur
de lire la fin de l’histoire, peur du noir, du bruit, de la pluie. Glisser sur
le sol mouillé de larmes de sang, s’abîmer au fond de l’abîme. Inquiétude
grandissante.
Où est la joie dans ce noir
d’encre ? Pas un rai de lumière pour retrouver espoir. Tout est sombre.
Même mon âme qui s’englue, s’encroute, se dilue, se dissout.
Un son. Ta voix.
Je voudrais tellement être légère,
libre, courir au vent matinal, sentir le soleil sur ma peau, me blottir au
creux de ton dos dans un lit aux draps frais.
Ta voix douce et rassurante
m’apaise.
Tout à coup mon cauchemar
s’estompe. Une musique aux accents argentins nous enveloppe, nous ensorcelle.
Nous dansons sur des rythmes endiablés. Peu à peu la place du marché s’anime.
Nous nous asseyons à une table, buvons une limonade avec une paille comme les
enfants insouciants que nous étions. Le chant des oiseaux ponctue notre
conversation. Nous oublions l’heure du retour.
Fragilité de l’instant.
Un bruit claque. Je sursaute. Tu
es parti.
J’entends au loin ta voix qui
m’attire. Je cours sous la pluie, où aller ? Je suis perdue dans cette
ville que je ne connais pas. J’ai froid, je veux la chaleur de tes bras. Il
faut vraiment oublier les autres, tourner dans notre sphère, seuls au monde. Ne
pas écouter les paroles blessantes, obéir à notre instinct. Les laisser vomir
leur jalousie, ne pas se laisser éclabousser par leur venin.
Retrouver notre océan, voyager
ensemble dans le temps clair et limpide comme une bulle de savon qui s’envole,
s’étire et s’étiole.
Tout s’éclaire et devient chaud
comme une caresse du soleil. Ma peau frémit sous tes doigts, ta voix me
transporte, m’extirpe de ce néant glauque.
Je me réveille. Tu es là.
Michèle
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