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Cependant, sous cet air d’enfant
sage, je perçois depuis quelques mois des attitudes singulières
qui m’intriguent et m’inquiètent un peu.
Ses parents sont très
admiratifs, Marylou sait déjà compter,
joue à la maîtresse d’école avec ses poupées.
Mais je l’ai écoutée lorsqu’elle
ne me voyait pas et les histoires narrées à ses
Barbies étaient bien étranges. A 3 ans n’est-il
pas quelque peu effrayant de parler de loup-garou ou de zombies ? Dans ces
moments-là, son petit visage candide n’a plus rien d’angélique
; l’acier de ses yeux bleus transperce l’auditoire. C’est
le dompteur face à ses fauves, autoritaire et
dominatrice. Marylou, je le vois bien, est une enfant sans crainte aucune, sûre
d’elle même et de son pouvoir.
Les vacances à la
montagne me permettront peut être d’élucider le mystère
de ce tempérament peu commun.
Nous sommes dans notre chalet depuis
une semaine et tout se passe à merveille. La petite joue sur la
terrasse, elle a délaissé ses
poupées et comme je m’y attendais préfère
la compagnie de Mistigri le chat de la voisine ou d’Arthur le Fox
Terrier du fermier. Elle est très à l’aise
avec ces animaux, un peu comme Alice Au Pays des Merveilles, elle leur parle et
ils lui répondent. C’est une petite fille bien étrange.
Hier soir, alors que je la cherchais pour, à notre
habitude, assister à la traite dans l’étable
toute proche, elle ne répondit pas à mon
appel.
Où était-elle
passée ? Je fis le tour du chalet, puis, je perçus,
provenant d’un recoin, sous la terrasse, derrière le mur de
pierres sèches, des couinements accompagnant une sorte de mélopée.
Intriguée, je m’approchais doucement, sur la pointe
des pieds, sans bruit. Elle ne me voyait pas, trop occupée à nourrir
son nouvel ami. Mais, il ne s’agissait plus ni de Mistigri, ni d’Arthur
mais d’un énorme raton laveur, sa forte patte
griffue légèrement posée sur la cuisse
rose de Marylou . Sa gueule largement ouverte découvrait des
canines effilées, sa langue frémissait dans l’attente des
noisettes que la petite lui jetait délicatement dans le gosier. Marylou
fredonnait, le raton gémissait de contentement.
Je reculais, terrifiée
mais envoutée par ce spectacle irréel et fascinant.
Surtout ne pas rompre le charme…
Garde ton mystère petite sorcière !
Annette
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