Exercices de style, à la manière de Murielle Gigandet Wenger
Texte original
C’est
le jour de la rentrée, les élèves réunis dans la cour du lycée
sont contents de se retrouver après les
longues vacances d’été. Le Principal apparaît
sur le perron et va comme d’habitude prononcer son
discours de bienvenue. Les profs se demandent de quels phénomènes ils vont hériter cette année. Ils
se pressent autour de la machine à café, déposent leurs gobelets et vont
entourer leur directeur. Les vacances sont finies et bientôt ils retrouveront la salle de classe et son tableau.
Olfactif
C’est
la rentrée, l’odeur des feuilles mortes
nous rappelle que nous sommes en automne. Dans la cour, les élèves ont troqué le parfum sucré et entêtant de l’ambre
solaire pour celle des bonbons à la réglisse. De leurs blousons de jeans des relents de
tabac froid combattent l’odeur de cuir de leurs cartables neufs. Pour plaire
aux filles, certains minets ont forcé sur l’after shave ! Des effluves de vétiver enivreront leurs voisines. Tous sont heureux de
se retrouver après ces longues vacances d’été.
Le Principal, gros et gras, transpire
à son habitude, heureusement, il se tient sur le perron
pour prononcer son discours de bienvenue et nous ne subissons pas l’odeur acre qui se dégage de
son gros corps maladroit que les bouffées de
son cigare n’arrivent pas à dissimuler.
Par contre, un délicieux arôme d’arabica plane autour de la machine à café, la photocopieuse, largement
sollicitée ce matin exhale des émanations
d’encre et de papier carbonisé.
Les vacances sont finies, bientôt profs et élèves retrouveront la salle de
classe, fraîche la première
heure de cours mais si lourdement chargée d’odeurs corporelles en fin de journée. Se mêleront à ces remugles la poussière
de craie du tableau noir, les senteurs d’alcool
des feutres restés ouverts trop longtemps devant
les tableaux blancs.
Tactile
La grande porte de bois rugueux
est grande ouverte. Les élèves saisis par la brise automnale martèlent
des pieds les pavés froids de la cour, frappent
vigoureusement dans leurs mains, ils se donnent de grandes bourrades dans le
dos, contents de se retrouver après ces
longues vacances d’été. Les filles se prennent par le cou, se plaquent de
grosses bises sur les joues. La bousculade heureuse permet d’anticiper une ambiance chaleureuse encore cette année.
Le Principal, apparaît sur le perron, engoncé dans
son éternel costume de flanelle grise déjà bien râpé par toutes ces rentrées scolaires . Il passe ses doigts boudinés sur ses joues flasques et fatiguées. Vivement la retraite, semblent dire ses yeux trop éteints.
Dans la salle des profs on
chahute aussi, les gobelets de café se frôlent joyeusement, on s’embrasse,
on court vers la photocopieuse, on arrache les feuillets que l’on trie fébrilement,
on les place dans des classeurs colorés que l’on ferme trop brutalement d’un élastique trop rigide qui
rompt alors d’un claquement sec.
Il faut maintenant prendre le
registre d’appel, lourd et encombrant, s’assurer que la brosse pelucheuse est bien là devant la tableau d’ardoise
rêche, que les feutres lisses peuvent encore servir pour
le tableau immaculé et glacé de ce premier jour d’école.
Auditif
Dring ! dring ! La cloche
retentit, les gonds fatigués des grandes portes de l’entrée grincent, les battants
claquent et la bousculade commence. C’est la
rentrée. Dans la cour, un brouhaha s’élève, on s’interpelle on
se reconnaît, on
rit, on crie contents de se retrouver après ces
longues vacances d’été. Les rires stridents des filles se mêlent aux voix plus sourdes des garçons.
Un « larsen »
fait grincer des dents toute l’assemblée. C’est le principal, qui, à son
habitude, prend la parole. Il n’a pas fait de progrès depuis l’an
dernier. Des sons gutturaux, indistincts, essaient de sortir de son micro. Il s’égosille. Les profs comme les étudiants ont fait le silence un instant mais le
murmure s’amplifie, des fous rire fusent, difficile de se contrôler.
Autour de la machine à café, les tasses s’entrechoquent, le bruit des distributeurs couvre les
voix basses des confidences entre collègues,
la photocopieuse ronfle à pleins poumons. Tout le
monde veut son tirage avant que la cloche du premier cours ne retentisse et que
les craies ne crissent sur le tableau noir.
Texte final : La rentrée
L’odeur
des feuilles mortes nous rappelle que nous sommes en automne.
Dring ! dring ! La cloche
retentit, les gonds fatigués du portail de l’entrée grincent, les battants
claquent et la bousculade commence. C’est la
rentrée!
Dans la cour, un brouhaha s’élève, on s’interpelle, on se reconnait, on rit, on crie.
Les élèves saisis par la brise automnale martèlent
des pieds les pavés froids de la cour, frappent
vigoureusement dans leurs mains, les garçons se donnent
de grandes bourrades dans le dos. Les éclats
de rire stridents des demoiselles se mêlent à leurs voix mâles et
plus sourdes. Les filles, elles, se prennent par le cou, se plaquent de grosses
bises sur les joues. Des blousons de jeans délavés, des relents de tabac froid combattent l’odeur de cuir des cartables neufs. Pour plaire à leurs copines, certains « minets » ont forcé sur l’after shave ! Des effluves de vétiver
enivreront leurs voisines.
La bousculade heureuse permet d’anticiper une ambiance chaleureuse encore cette année. Tous sont heureux de se retrouver après ces longues vacances d’été.
Le proviseur, gros et gras,
transpire à
son habitude, heureusement, il se tient
sur le perron pour prononcer son discours de bienvenue et nous ne subissons pas
l’odeur acre qui se dégage de
son gros corps maladroit que les bouffées de
son cigare n’arrivent pas à dissimuler.
Engoncé dans son éternel
costume de flanelle grise, déjà bien râpé par toutes ces trop nombreuses rentrées scolaires , il passe ses doigts boudinés sur ses joues flasques et fatiguées. Vivement la retraite, semblent dire ses yeux trop éteints.
Un « larsen »
fait grincer des dents toute l’assemblée. Il
prend la parole. Il n’a pas fait de progrès depuis l’an
dernier ! Des sons gutturaux, indistincts, essaient de sortir de son micro. Il
s’égosille. Les profs comme les étudiants ont fait le silence un instant mais le
murmure s’amplifie, des fous rire fusent, difficile de se contrôler.
Par contre, dans la salle des
profs un délicieux arôme d’arabica plane autour de la machine à café. Le bruit des distributeurs
couvre les voix basses des confidences entre collègues.
La photocopieuse ronfle à pleins poumons.
On chahute aussi, les tasses s’entrechoquent joyeusement, on s’embrasse, on court vers cette photocopieuse largement sollicitée ce matin et qui exhale déjà des émanations d’encre
et de papier cramé. On arrache les feuillets
que l’on trie fébrilement,
on les place dans des classeurs colorés que l’on ferme trop brutalement d’un élastique trop rigide qui
rompt alors d’un claquement sec. Tout le monde veut son tirage avant
que la cloche du premier cours ne retentisse et que les craies ne crissent sur
le tableau noir.
Les vacances sont finies, bientôt profs et élèves retrouveront la salle de classe, fraîche la première
heure de cours mais si lourdement chargée d’odeurs corporelles en fin de journée. Se mêleront à ces remugles la poussière
de craie du tableau noir, les senteurs d’alcool
des feutres restés ouverts trop longtemps
devant les tableaux blancs
Maintenant, il faut prendre le
registre d’appel, lourd et encombrant, s’assurer que la brosse pelucheuse est bien là pour l’ardoise rêche, que les feutres lisses peuvent encore servir en
ce premier jour d’école.
Une nouvelle année scolaire commence.
L'ensemble des textes sont d'Annette
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