lundi 14 avril 2014

Mais où est François ?



Une photographie, quelques mots piochés au hasard...

Carré de chocolat, chant, sourire, étalon, petit garçon, chat bleu, souffrance, beauté, montagne, soumission.

François se promène seul dans les rues de son village. Il en connaît la topographie par cœur. Il fait beau, le soleil éclabousse la ruelle, les filets de pêche s'étirent entre les façades.
Un léger sourire égaye le visage de François, il est heureux car il vient de croquer un carré de chocolat noir, cadeau, oh ! combien apprécié de Mme Romeu, la boulangère, qui vient de le voir passer.
Ses pas le guident au hasard, il s'en moque, dans sa tête un chant mélodieux l'accompagne. Il se retrouve tout à coup à la lisière du village, là où s'étendent les prairies. Il accélère l'allure et court vers son ami, l'étalon noir, qui vient à sa rencontre. Il grimpe sur la barrière pour être à la hauteur de l'animal et se penche vers lui pour lui raconter ses secrets, sa souffrance, son désarroi. En effet, François se sent seul, ses parents se disputent sans arrêt et ne s'occupent pas de lui. Il est livré à lui-même.
 Quand on est un petit garçon de neuf ans et que l'on n'a pas d'amis, la vie est si triste. Il va encore traîner un peu et rentrera chez lui à la tombée de la nuit. Tout à coup, il rencontre le chat de M. le Curé. C'est un chat un peu bizarre, c'est un chat bleu ! oui, bleu ! Enfin, je crois qu'en vrai il est gris, mais d'un drôle de gris, un gris qui devient bleu à la tombée de la nuit. On ne peut pas dire que ce chat soit une beauté, non, mais il est tellement gentil, il vient se frotter dans les jambes des passants en quémandant des caresses. Le soir, il dort dans le confessionnal sur le coussin de velours rouge de M. le Curé. Un matin, il a effrayé une bigote en bondissant de sa cachette quand elle a tiré le petit volet qui la séparait de son confesseur.
La nuit est tombée, il rentre chez lui. Que va-t-il trouver en arrivant ? Ses parents qui se disputent bien sûr ! La télé est en marche, on ne sait qui crie le plus fort ! les parents ou la télé ? Peu importe, on ne va pas en faire toute une montagne. Il se prépare un sandwich au saucisson et monte dans sa chambre. Le calme silencieux l'envahit l'enveloppant tel un édredon de plumes. Il finit par s'endormir. Un cauchemar l'étreint, l'agrippe, il veut se libérer de cette soumission mais n'y arrive pas.
La sueur perle sur son front, ses mains tremblent, il a froid. Il se réveille en sursaut pour découvrir qu'il est allongé dans un ravin escarpé et glacial. Cela fait maintenant sans doute plusieurs heures qu'il est là ! Tout le monde doit le chercher ! Ses parents, ses amis, il en a tant ! Il sait qu'il n'est pas seul, qu'il va bientôt retrouver ses parents adorés.
Pour se donner du courage il chante à tue-tête la petite musique qui l'accompagnait ce matin. Tout à coup, un chien jaune jappe et court autour de lui pour signaler la présence du petit garçon à son maître.

La première chose qu'il réclame lorsqu'on le sort du ravin c'est … un carré de chocolat !

Michèle

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