jeudi 16 juillet 2015

Atelier autour du vin #2

A l’instant où le nectar rubis taquine mes papilles, j’éprouve déjà un sentiment d’euphorie, le tanin âcre met en valeur la saveur plus acidulée de ce vin à la robe « bigarreau ». D’aucuns diraient peut-être qu’il est rond en bouche mais n’étant pas experte en ce domaine je me laisse porter par mes impressions. Ce Minervois évoque un souvenir de vacances : une petite place, une terrasse ombragée, un village espagnol frontalier où, entre amis, nous avons dégusté de sublimes tapas accompagnés d’un vin régional qui avait la densité de celui que j’essaye de disséquer en ce moment. Je bois, à petites gorgées, du raisin mûri sur un coteau ensoleillé, je bois la grappe alourdie de grains noirs, je bois cette métamorphose magique de la vie qui perdure à travers la vinification et qui nous enivre !

RENCONTRE IMPROBABLE


Je m’étais assoupie sur mon canapé après avoir dégusté un verre d’un St Nicolas de Bourgueil exceptionnel quand, soudain, j’entendis comme une explosion de verre brisé qui semblait venir du sous-sol. Je descendis à pas feutrés les marches qui menaient à la cave d’où provenait le bruit. Par la porte entrouverte, j’aperçus un énergumène vêtu d’une veste rouge, d’un pantalon noir bouffant, et portant sur la tête une sorte de kippa couleur lie de vin. Une barbe frisottée lui mangeait la moitié du visage, si bien qu’on ne pouvait lui donner d’âge. Je m’approchai doucement, observant avec prudence les faits et gestes de cet inconnu. Comment avait-il pu entrer ? Il dansait, une bouteille à la main en chantant dans un langage étrange. Sans doute avait-il abusé fortement de la dive-bouteille car de nombreux cadavres gisaient, fracassés, sur le sol.  Je remarquai, alors, qu’il était pieds nus et qu’il marchait sur le verre brisé sans se blesser. Tandis qu’il tournoyait comme un soufi en transe, je m’aperçus qu’il avait un nez énorme présentant un aspect granuleux rouge. Je me résolus à l’interpeller : « Qui êtes-vous, que faites-vous chez moi, comment êtes-vous entré ? » Il s’arrêta brusquement, me lançant au visage une généalogie des plus éclectiques,  toujours en psalmodiant et en tournant comme un derviche : « Nicolas Bourgueil, fils de Nicolas Bourgueil petit-fils de Nicolas Bourgueil… »Il remonta ainsi jusqu’au Moyen-Age  « ….fils caché de St Nicolas, qu’il eût avec une nonne,…. Et enfin, descendant de Noé qui créa ce nectar divin… » Eberluée, je m’apprêtais à prévenir la gendarmerie…mais me retrouvai allongée sur le canapé où je m’étais endormie.


Colette

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