Voilà, ils vont bientôt
tous arriver, il faut que je fasse bonne figure. Ma gouvernante m’a
répété que
ce n’ était pas très raisonnable à mon
âge de vouloir recevoir tous ces gens chez moi. Mais, j’ai aujourd’hui 90 ans et ce
sera sans aucun doute ma dernière réception de ce style .
Ces réflexions, Albert se les faisait en regardant sa frêle silhouette dans
le grand miroir du salon. Il devait quand même fournir un gros
effort, sa main avait du mal à se détacher du dossier
de la chaise. C’est triste, pensait-il, mon cerveau
alerte fonctionne encore très bien mais mon vieux corps me lâche.
Le reflet de son regard noir et pénétrant lui
interdisait toute mollesse, tout laisser-aller .
Je ne peux quand même
pas les recevoir en tenue d’intérieur, redresse toi
mon vieux ! Enfile ton beau costume gris, mets une jolie cravate! Il
fallait réagir.
Son menton tremblotait sous l’effort, de légères
gouttes de sueur perlaient sur sa moustache blanche.
Il sonna, Mathilde arriva, discrète et efficace,
elle lui apportait ses vêtements et, plaisantant, l’aida
à se vêtir.
Il jeta un regard lucide à son
miroir. Voilà, encore un tour de piste pensa-t-il avec mélancolie.
Annette
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