lundi 11 mai 2015

Chevalier de l'Ordre du Hamac








Atelier enfants
Adrien, 12 ans












— Timoti, va chercher du pain ! ordonna Briac.
— Oui papa, grognai-je.
Je ne pris… rien du tout car je n’avais rien du tout. Je traversai la rue en courant sachant que mon père ne voudrait pas attendre.
Arrivé devant RioBoulangerie, la boulangerie la plus proche de chez moi et la moins chère, je fis en sorte de me faufiler discrètement dans le camion de livraisons. Je pris la baguette la plus cuite, ma préférée, et filai en vitesse. Mais hélas, la malchance tomba sur moi car le boulanger me vit et cria :
— Au voleur !
À la seconde où il prononça ces mots, une courte poursuite s’enchaina dans les rues. Je filai à toute allure sans me retourner quand une bouche d’égout m’aspira mystérieusement.
J’en eu le souffle coupé.
— Bonjour très cher, fit une vieille voix.
— Heu… bonjour, murmurai-je.
Une grande salle m’entourait. Elle était froide, ses murs étaient en marbre blanc. Il y avait des têtes de sangliers accrochées tout autour. J’étais assis sur un petit tabouret de bois et devant moi, une vieille femme avec une couronne sur la tête me regardait bizarrement. 
— Alors, c’est vous ? cria-t-elle.
— Moi quoi ?
— Voyons, ne faites pas l’imbécile, ricana la vieille dame. Vous êtes le quatrième et dernier chevalier de l’Ordre bleu foncé.
­— Des chevaliers quoi ? Excusez-moi mais nous sommes en 2014 ou je ne sais quoi. 
Mon cœur battait la chamade et je me posai plein de questions.
— Bien, bien ! Garde ! cria la femme. Allez préparer le dernier Élu !
— Le dernier Élu ? mais c’est quoi ça ? Où suis-je ?
Un homme me mit une armure et l’on m’envoya dans une salle remplie d’arcs.
— À toi de choisir, me lança le garde d’une voix rauque. Demain, c’est la première épreuve alors choisis le meilleur.
La nuit était venue et je n’en finissais pas de me poser des tas de questions.
— Bon, je vais me coucher et demain quand je me réveillerai, je serai dans mon hamac à Rio, me rassurais-je en m’endormant.
Le lendemain, j’ouvris les yeux en me rappelant la veille. Malheureusement, je n’étais pas retourné à Rio dans mon petit hamac. Un garde fit irruption dans la pièce.
— Bien, la reine Gossip vous attend.
— D’accord, mais laissez-moi le temps de me préparer, bafouillai-je.
J’étais bel et bien dans un vrai monde, je n’avais pas rêvé ! 
— Sous ordre de la majestueuse reine Gossip, hurla un garde, je déclare le tournoi des chevaliers de l’Ordre bleu foncé ouvert.
Devant moi étaient installées quatre cibles et il y avait trois autres hommes qui, eux aussi, étaient équipés d’un arc et de flèches. J’étais au milieu avec mon arc quand la reine prit la parole :
— Bien Messieurs, c’est parti ! Position… À vos flèches… Tirez !
Tous les hommes tirèrent en même temps. Je mis du temps à comprendre que si je visais juste, je remporterai l’épreuve. Alors, je pris la flèche et tirai.
— Bravo, bravo à tous ! Maintenant, je vais vous remettre les résultats. En troisième position Isengrin. En deuxième position Arthur et en première position…   
Je voulais absolument gagner pour découvrir ce que je faisais ici.
— Timoti !
Oui, j’avais non seulement devancé Yarlett, le prétendu meilleur lanceur du royaume, mais en plus, j’étais arrivé premier !
— Bien joué, mais ce n’est que le début, rétorqua Isengrin.
— Laisse-le tranquille, intervint Arthur. En plus la reine arrive pour annoncer la deuxième épreuve ! 
Je souris à ce garçon qui était venu à mon secours.
— Bien ! Pour la seconde épreuve, vous allez devoir battre à l’épée votre adversaire. Attention, c’est parti !
Le combat commença et Arthur prit l’avantage. C’était sanguinaire. Par une feinte de corps, Arthur mit Isengrin à terre et remporta le combat.
— Félicitations Arthur, s’écria la reine Gossip. C’est maintenant au tour de Timoti de te combattre.
— Bonne chance, me dit Arthur.
— Merci toi aussi, soufflai-je.
Le combat put débuter mais je n’avais jamais combattu avec une épée, c’est pourquoi au bout d’une minute, j’étais à terre.
— Bravo, bravo messieurs ! Arthur remporte donc la deuxième manche.
— Bien joué.
— Merci tu t’es bien défendu, mentit Arthur en souriant.
— Maintenant, pour la dernière épreuve vous allez devoir discuter pour savoir qui gagnera ! Ahaha ! Je suis diabolique ! ricana la reine.
J’avais bien compris, il fallait qu’on négocie la victoire tous les deux.
Le débat commença :
— Arthur, s’il te plait, laisse-moi la victoire, je n’ai quand même pas fait tout ce chemin pour rien ! le suppliai-je.
— Je suis désolé, me répondit Arthur, mais je connais ce pays mieux que quiconque sur cette terre !
La discussion entre les deux adversaires dura deux jours complets. Mais à la première lueur du troisième jour, les garçons s’étaient mis d’accord.
— Bien, s’exclama la reine Gossip. Qui est donc l’heureux Élu ?
— Ce sera moi ! annonça Arthur.
La foule se leva en applaudissant.
J’applaudis aussi car finalement la vie de noble chevalier ne m’intéressait pas. J’avais ma vie à Rio, ma famille à Rio, mon hamac à Rio.
J’allai donc saluer Arthur quand tout à coup, je tombai dans une flaque !

— Timoti ? Timoti ? Où est mon pain ?
Je me réveillai dans mon hamac un peu assommé, le visage ahuri.
— Petit voyou ! Je t’ai demandé d’aller chercher du pain et toi tu te prélasses dans ton hamac !?
— Mais …non… euh… si, oui désolé papa ! mentis-je.
— Bon ! Tant pis ! maugréa mon père.
Depuis ce jour, le chevalier Arthur de l’Ordre bleu foncé n’entendit plus jamais parler du chevalier Timoti de l’Ordre du hamac.

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