Atelier enfants
Adrien, 12 ans
— Timoti, va
chercher du pain ! ordonna Briac.
— Oui papa, grognai-je.
Je ne pris… rien du
tout car je n’avais rien du tout. Je traversai la rue en courant sachant que
mon père ne voudrait pas attendre.
Arrivé devant
RioBoulangerie, la boulangerie la plus proche de chez moi et la moins chère, je
fis en sorte de me faufiler discrètement dans le camion de livraisons. Je pris
la baguette la plus cuite, ma préférée, et filai en vitesse. Mais hélas, la
malchance tomba sur moi car le boulanger me vit et cria :
— Au voleur !
À la seconde où il
prononça ces mots, une courte poursuite s’enchaina dans les rues. Je filai à
toute allure sans me retourner quand une bouche d’égout m’aspira
mystérieusement.
J’en eu le souffle
coupé.
— Bonjour très
cher, fit une vieille voix.
— Heu… bonjour,
murmurai-je.
Une grande salle
m’entourait. Elle était froide, ses murs étaient en marbre blanc. Il y avait
des têtes de sangliers accrochées tout autour. J’étais assis sur un petit
tabouret de bois et devant moi, une vieille femme avec une couronne sur la tête
me regardait bizarrement.
— Alors, c’est
vous ? cria-t-elle.
— Moi
quoi ?
— Voyons, ne
faites pas l’imbécile, ricana la vieille dame. Vous êtes le quatrième et
dernier chevalier de l’Ordre bleu foncé.
— Des
chevaliers quoi ? Excusez-moi mais nous sommes en 2014 ou je ne sais
quoi.
Mon cœur battait la
chamade et je me posai plein de questions.
— Bien,
bien ! Garde ! cria la femme. Allez préparer le dernier Élu !
— Le dernier
Élu ? mais c’est quoi ça ? Où suis-je ?
Un homme me mit une
armure et l’on m’envoya dans une salle remplie d’arcs.
— À toi de choisir,
me lança le garde d’une voix rauque. Demain, c’est la première épreuve alors
choisis le meilleur.
La nuit était venue
et je n’en finissais pas de me poser des tas de questions.
— Bon, je vais
me coucher et demain quand je me réveillerai, je serai dans mon hamac à Rio, me
rassurais-je en m’endormant.
Le lendemain,
j’ouvris les yeux en me rappelant la veille. Malheureusement, je n’étais pas
retourné à Rio dans mon petit hamac. Un garde fit irruption dans la pièce.
— Bien, la
reine Gossip vous attend.
— D’accord,
mais laissez-moi le temps de me préparer, bafouillai-je.
J’étais bel et bien
dans un vrai monde, je n’avais pas rêvé !
— Sous ordre
de la majestueuse reine Gossip, hurla un garde, je déclare le tournoi des
chevaliers de l’Ordre bleu foncé ouvert.
Devant moi étaient
installées quatre cibles et il y avait trois autres hommes qui, eux aussi,
étaient équipés d’un arc et de flèches. J’étais au milieu avec mon arc quand la
reine prit la parole :
— Bien
Messieurs, c’est parti ! Position… À vos flèches… Tirez !
Tous les hommes
tirèrent en même temps. Je mis du temps à comprendre que si je visais juste, je
remporterai l’épreuve. Alors, je pris la flèche et tirai.
— Bravo, bravo
à tous ! Maintenant, je vais vous remettre les résultats. En troisième
position Isengrin. En deuxième position Arthur et en première position…
Je voulais
absolument gagner pour découvrir ce que je faisais ici.
— Timoti !
Oui, j’avais non
seulement devancé Yarlett, le prétendu meilleur lanceur du royaume, mais en
plus, j’étais arrivé premier !
— Bien joué,
mais ce n’est que le début, rétorqua Isengrin.
— Laisse-le
tranquille, intervint Arthur. En plus la reine arrive pour annoncer la deuxième
épreuve !
Je souris à ce
garçon qui était venu à mon secours.
— Bien !
Pour la seconde épreuve, vous allez devoir battre à l’épée votre adversaire. Attention,
c’est parti !
Le combat commença
et Arthur prit l’avantage. C’était sanguinaire. Par une feinte de corps, Arthur
mit Isengrin à terre et remporta le combat.
— Félicitations
Arthur, s’écria la reine Gossip. C’est maintenant au tour de Timoti de te
combattre.
— Bonne
chance, me dit Arthur.
— Merci toi
aussi, soufflai-je.
Le combat put
débuter mais je n’avais jamais combattu avec une épée, c’est pourquoi au bout
d’une minute, j’étais à terre.
— Bravo, bravo
messieurs ! Arthur remporte donc la deuxième manche.
— Bien joué.
— Merci tu
t’es bien défendu, mentit Arthur en souriant.
— Maintenant,
pour la dernière épreuve vous allez devoir discuter pour savoir qui
gagnera ! Ahaha ! Je suis diabolique ! ricana la reine.
J’avais bien
compris, il fallait qu’on négocie la victoire tous les deux.
Le débat
commença :
— Arthur, s’il
te plait, laisse-moi la victoire, je n’ai quand même pas fait tout ce chemin
pour rien ! le suppliai-je.
— Je suis
désolé, me répondit Arthur, mais je connais ce pays mieux que quiconque
sur cette terre !
La discussion entre
les deux adversaires dura deux jours complets. Mais à la première lueur du
troisième jour, les garçons s’étaient mis d’accord.
— Bien, s’exclama
la reine Gossip. Qui est donc l’heureux Élu ?
— Ce sera
moi ! annonça Arthur.
La foule se leva en
applaudissant.
J’applaudis aussi
car finalement la vie de noble chevalier ne m’intéressait pas. J’avais ma vie à
Rio, ma famille à Rio, mon hamac à Rio.
J’allai donc saluer
Arthur quand tout à coup, je tombai dans une flaque !
— Timoti ?
Timoti ? Où est mon pain ?
Je me réveillai
dans mon hamac un peu assommé, le visage ahuri.
— Petit
voyou ! Je t’ai demandé d’aller chercher du pain et toi tu te prélasses
dans ton hamac !?
— Mais …non…
euh… si, oui désolé papa ! mentis-je.
— Bon !
Tant pis ! maugréa mon père.
Depuis ce jour, le
chevalier Arthur de l’Ordre bleu foncé n’entendit plus jamais parler du
chevalier Timoti de l’Ordre du hamac.
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