Une photographie du voyage à Nantes... puis au cours du récit, surprise ! Il faut insérer la phrase suivante « Un ange tombe du ciel, il a la peau translucide, presque bleue et me contemple avec des yeux ébahis »
Plus tard, une autre consigne vient s'ajouter : l'ange dépose quelque chose dans la main du narrateur.
Je suis ébéniste, originaire
d’Avignon, et je viens de trouver un travail dans les environs de Nantes. C’est
pour moi une aubaine. Il a fallu que je déménage sans réfléchir plus avant. Il
me faut absolument cet emploi. Je suis sollicité par une personne que je n’ai
pas encore rencontrée. Et ce soir, je suis là, devant le N° 6 de l’Allée des
Cèdres, pour faire la connaissance de mon employeur. Jusqu’ici je n’ai eu
affaire qu’à sa secrétaire qui est restée sourde à toutes mes questions pour en
savoir plus.
La rue est sombre, calme en cette
soirée estivale. Aucun passant n’en trouble la quiétude. A quelques pas, un
vieux réverbère éclabousse le trottoir de sa lumière blafarde. La propriété,
ceinte d’une grille en fer forgé, est imposante. Des glycines se contorsionnent
autour des barreaux et distillent leur parfum suave et délicat. Je caresse
distraitement les pierres de tuffeau craquelées par le temps et je sens la
chaleur qu’elles ont emmagasinée. En examinant le portique, je découvre ce qui
devait être les armoiries de l’hôte du lieu à la construction de la
maison : une tête de lion au regard froid et à la crinière royale. La
porte noire n’invite pas vraiment à entrer.
Ne trouvant pas de sonnette, je
tourne le bouton de cuivre de la porte. Un léger tintement signale ma présence.
J’avance de quelques pas et me trouve nez à nez avec deux Doberman d’une taille
impressionnante. J’hésite à continuer, lorsque l’allée du parc s’illumine. Tout
au bout, la maison d’époque victorienne. En haut des marches, mon employeur
m’attend. Une femme élancée, élégamment vêtue d’un tailleur pantalon blanc. Ses
cheveux auburn flottent sur ses épaules. Des bijoux scintillent autour de son
cou et de ses poignets. Dans sa main droite, une cigarette, dans l’autre, un
verre de vin. D’une voix rauque elle me lance :
— Entrez, que nous fassions connaissance !
Les deux
chiens m’ouvrent le passage et m’escortent vers le perron.
Un léger raclement de gorge me
ramène à la réalité. Je m’avance, monte les quelques marches et pénètre dans la
demeure illuminée.
Une musique douce et mélancolique
m’accueille, les notes se dispersent dans le parc. Je suis encore tout étonné
et flotte sur un petit nuage.
La femme me parle, je lui
réponds, mais ne suis dans un état second. Il faut que je me ressaisisse
rapidement. Elle m’invite à m’asseoir dans un fauteuil confortable recouvert de
tissu bleu ardoise. Je jette des coups d’œil discrets sur l’aménagement du
salon. De magnifiques meubles d’époque sont disposés harmonieusement, des tapis
étouffent le bruit des pas, des petits spots mettent en valeur des peintures
d’artistes contemporains.
Je
me surprends à lui demander si je peux regarder de plus près un secrétaire
ancien finement ciselé et marqueté. Je passe délicatement la main sur le bois
et en apprécie la patine.
Je
déambule dans la pièce. Je sens son regard sur moi. Nous sommes maintenant
muets. Seule la musique brise le silence nocturne. Le temps passe. Nous
dégustons un vin millésimé en échangeant sur divers sujets. Il est maintenant
temps de parler affaires. Elle m’expose son attente : la maison est
grande, elle regorge de meubles à restaurer, à entretenir. Tel sera mon
travail. Elle m’indique mon salaire et les conditions de l’emploi. Je
travaillerai ici, à domicile. Je logerai dans l’aile ouest de la demeure.
Je
reste abasourdi. Une telle proposition dépasse toutes mes espérances. Je crois
rêver, lorsque dans un léger souffle, un petit ange dépose délicatement un clé
dans la paume de ma main. Le métal froid me fait sursauter. De sa voix grave, elle me dit :
— Vous êtes ici chez vous !
Michèle
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