Voilà,
j’y suis, c’est bien ce vieil immeuble de briques rouges que l’on m’a signalé.
Hé bien, pour faire la planque, je suis gâté, des crottes de chien plein le
trottoir ! Mais ça va, mon déguisement est super, je vais passer inaperçu, me fondre dans le décor,
mes cheveux sont assez gras (pas de shampoing depuis 5 jours!). Je relève le col de mon pardessus fripé à la Colombo! J’ai
la dégaine, vous pouvez vérifier, même mes ongles sont noirs!
Tiens, je ne l’avais pas vu, j’ai
un collègue, mais lui c’est du vrai, pas un flic en embuscade, un pauvre gosse, déjà obèse
à 17 ans ! Il a du en bouffer des Big
Mac ! Tiens, il installe son campement, un vieux matelas sous le porche de l’immeuble. Comment a-t-il pu en arriver là ? A-t-il des parents? Sans doute des
vieux, aigris, une vieille histoire d’amour
qui a mal finie, ils boivent, se battent et le gosse ne supporte plus, il faut
déguerpir, se tirer, plutôt la rue que cette ambiance mortifère.
Wouah ! Quelle belle voiture, je ne l’ai pas entendu arriver, un moteur 6 cylindres en V qui
ronronne doucement sur l’asphalte brillant. Jaguar type E si je
ne m’abuse. Des gants de cuir fauve posés sur le volant, une silhouette au profil bien dessiné se découpe sur le carreau. Il me fait
penser à Sean Connery, mon James Bond favori.
Je l’imaginerai plutôt faisant tourner nonchalamment son verre de Ballantines
dans un salon feutré de Marble Arch, ou sur le pont en teck
d’un voilier racé filant toutes voiles dehors, mais, que fait - il ici dans cette rue sordide ?
Tout à coup, la portière
passager s’ouvre, s’en
échappe un joli caniche blanc qui
semble danser sur ses petites pattes soigneusement toilettées, puis, un escarpin glisse, se pose élégamment sur la chaussée, un bas couture sur une longue jambe fuselée. Je retiens ma respiration. Puis une silhouette se déplie avec grâce, une nuque fine supporte un lourd
chignon noir. Elle est superbe !
J’en
ai le souffle coupé !
Nonchalamment elle se dirige vers le
jeune SDF, il n’est pas surpris, il sort de la poche
de son blouson un petit paquet, elle le prend avec un sourire et lui remet en échange une enveloppe en papier kraft qu’il dissimule prestement sous sa veste de cuir.
Voilà,
j’ai eu le temps de noter le numéro de la voiture. Ma planque est terminée, je repars tranquillement pour le bureau des « stups » ils seront contents de moi.
Annette
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